Un pays sans histoire (le Rwanda)

Un pays sans histoire

L'article traite de la situation du Rwanda où l'on n'enseigne plus l'histoire du pays. On parle de l'histoire coloniale des pays Européens, mais jamais du génocide.
Les enseignants se sentent trop concernés, trop touchés de prêt, Tutsi ou Huttus par ce qui s'est passé pour pouvoir en parler objectivement. À l'université, le génocide est abordé comme d'autres génocide, rien de vraiment spécifique sur le Rwanda, selon l'article.

J'en discutais avec un (futur) historien, et on se demandait si l'Allemagne avait cessé d'enseigner l'histoire pendant un bout après la 2e GM? J'imagine que c'était différent en RDA et en RFA, mais quand même, je suis intéressé.

Est-ce une bonne solution que d'effacer l'histoire? Malgré les difficultés, je crois que ça serait important que le jeunes apprennent ce qui s'est passé dans leur pays, aussi terrible celà soit-il.
Mais en même temps, je comprends la peur des enseignants au primaire et au secondaire. Mais rendu à l'université? Ça me semble plus un déni qu'autre chose rendu à ce niveau là.


EDIT: ah, ça aurait été mieux dans la section université... un gentil modo peut déplacer svp?

Kazam!


En fait, c'est compliqué par l'utilisation politique de cette histoire par le pouvoir politique. On se retrouve avec une histoire offcielle monopolisée par cette institution, et contestée de manière tout autant politique (en même temps on peut se féliciter que l'enseignement ne s'en fasse pas le relais direct, mais délà à ne pas en parler du tout.)

viper37 a écrit:

J'en discutais avec un (futur) historien, et on se demandait si l'Allemagne avait cessé d'enseigner l'histoire pendant un bout après la 2e GM? J'imagine que c'était différent en RDA et en RFA, mais quand même, je suis intéressé.

Gros travail de mémoire des 2 états allemands.
Mais la génération qui a vécu ça ne voulait pas en parler pour autant. c'est une des raisons principales du choc générationnel des années 70 en Allemagne (les années de plomb, la RAF, etc...)
les jeunes demandaient des comptes à leur parents.

Dans les universités françaises, les 50 dernières années sont peu abordées car il est difficile de s'extraire de son vécu pour espérer être un minimum objectif.

+1 avec Alph. Même à l'école, parler du passé récent, c'est compliqué - alors même que le passé récent de la France est bien plus apaisé que celui du Rwanda Martyrisé(en partie par lui-même).

Par exemple, je n'aime pas beaucoup parler du conflit communautaire...[bon, on peut contourner le côté passionnel en décrivant les 1500 réformes de la Constitution...].

Ce qu'il y a, c'est que plus on approche de la période "contemporaine" [au sens stricte] plus on rentre en conflit avec les "préconceptions", les "clichés" qui existent chez les élèves et qui construisent leur identité...

Exemple:
Parler des USA devient vite "combattre l'idée que les USA ne sont que des Rednecks qui buttent tout ce qui bouge pour s'approprier les réserves de pétrole du monde..."

Et pour ce qui est plus ancien, le travail de scénarisation des mythes a été bien fait, bien intégré par tout le monde ; et le travail de déconstruction de ces mêmes mythes est aussi sans enjeu qu'invisible quand il est fait.

Bob Lafayette a écrit:

Et pour ce qui est plus ancien, le travail de scénarisation des mythes a été bien fait, bien intégré par tout le monde ; et le travail de déconstruction de ces mêmes mythes est aussi sans enjeu qu'invisible quand il est fait.

Alors en fait, souvent il n'y a rien à déconstruire, parce qu'il n'y a rien... en tout cas, quand on dit "Luther, Louis XIV ou même Karl Marx" ça n'évoque rien.

Bon c'est vrai, il y a "les Romains" puis "les chevaliers"...et puis une période de mecs en perruque et puis en photos sépias jusqu'à la deuxième guerre mondiale...

Oli le Belge a écrit:

Alors en fait, souvent il n'y a rien à déconstruire, parce qu'il n'y a rien... en tout cas, quand on dit "Luther, Louis XIV ou même Karl Marx" ça n'évoque rien.

A qui ?

J;ai une collègue rwandaise qui avait 17 ans, je crois, au moment du génocide, et elle refuse absolument même d'évoquer le sujet.

Cat

Dans une de mes classes se trouve un Guinéen dont les parents ont été tués dans les évènements politiques récents. Très difficile d'en parler là aussi, alors qu'il semble avoir vécu une partie des choses de loin.

Déjà, le monde universitaire rwandais, hein, ça concerne pas grand monde à l'échelle du pays, faut pas se leurer. Il faut voir aussi que c'est une culture différente, où le rapport à la mort n'est pas le même, et qui n'a absolument pas les moyens qu'a eu l'Allemagne pour opérer le travail de jugement et de mémoire. La volonté de tourner la page explique aussi sans doute le rejet de la France au profit des puissances anglo-saxonnes.

Un reportage interessant plutôt bien foutu sur le "Congo" (bon, ça concerne le Rwanda, c'est pour ça que je le met là)

http://www.lemonde.fr/afrique/visuel/2010/05/12/temoins-du-dedans-la-crise-au-congo-racontee-par-les-congolais_1347272_3212.html