L'assimilation de l'Alsace dans l'Etat Français (1648-2010)

Sous ce titre peu séducteur se trouve une question qui me turlupine depuis déjà pas mal de temps.
Quand on voit toutes les révoltes des peuples européens soumis à une autorité étrangère (flamands, croates, grecs, polonais, slovaques et j'en passe), on remarque le cas particulier de l'Alsace, pays de langue allemande depuis au moins 1000 ans et qui tout d'un coup, se retrouve annexée au Royaume de France qui possède des institutions très différentes du Saint Empire dans lequel elle était intégrée depuis sa création.
Même si cette région rhénane a toujours gardé avec ferveur sa culture à la frontière de "deux mondes" (culturels j'entends), je n'ai jamais entendu parler d'une quelconque révolte alsacienne contre le joug français et ai même été surpris de l'assimilation des alsaciens dans le Royaume de France (passer en un siècle de 5 à 60% de bilingues, qui plus est au XVIIIe siècle, c'est quand même impressionnant).
Cela a si bien marché qu'on imagine même pas la France sans l'Alsace aujourd'hui, et ça dure depuis deux siècles.

Mais pour avoir ce cas si particulier, qu'est ce que la France a du faire ?
Quelles ont été les mesures prises pour cette assimilation rapide d'un pays qui n'avait pas grand chose en commun avec la France ?
Jusqu'où la semi-autonomie dont a joui l'Alsace (et dont certains privilèges persistent encore aujourd'hui) a elle été utile dans ce processus ?

Gros compromis avec les luthériens entre autre. (Même après la révocation de l'édit de nantes, ils restaient tolérés en Alsace).
Si j'ai bonne mémoire, elle jouit toujours d'une certaine autonomie par rapport aux autres régions françaises.

Comme en Roussillon après 1659, une forte immigration française.
Effectivement peut-être plus de tolérance mais quand à l'autonomie alsacienne essentiellement religieuse elle est surtout le fait de la non révocation du Concordat comme ailleurs en France en 1905 puisqu'ils étaient allemands à ce moment là.

une page sur le Conseil souverain d'Alsace : http://www.nithart.com/conseils.htm

Citation :

L'assimilation de l'Alsace dans l'Etat Français (1648-2010)

Pourquoi "2010" ?
ça fait un bail, que c'est consommé!
Depuis en gros la fin XIXe / début XXe, avec les prussiens qui ont bien merdé l'intégration à leur Empire de l'Alsace-"Lorraine"...

Moui, quoique... les Alsaciens ont beau presque tous parler français, même en 2010 on peut douter de leur appartenance à la nation française, étant de tout temps la région votant le plus à droite...

Ce qu'il y a aussi, c'est que le régionalisme [cet autre nationalisme] doit se baser sur la "fierté", sur la "revanche", sur un sentiment qu'il n'y a que honte à dépendre d'un autre...

Or, on ne trouve pas ça dans l'histoire de l'Alsace...si je ne m'abuse...

Il n'y a pas eu de volonté de créer une région autonome. Et comme de l'autre côté, les Prussiens, les Allemands en ont fait voir des vertes et des pas mûres aux Alsaciens, finalement, ils se trouvent bien en France.


En fait, comme la région a été au centre des débats entre deux "grands", le régionalisme n'a jamais vraiment pu prendre racine. Les évènements ont joué en faveur de la France...l'Alsace est donc française.
[je suppose qu'un autonomiste alsacien qui criait sa volonté d'indépendance et 1910, il risquait la prison et les pierres aussi bien en France qu'en Allemagne.]

Il y avait un débat sur France Culture à ce propos il y a quelques semaines. Grosso modo cela confirmait les avis exprimés ici : les Prussiens s'y sont pris comme des manches, à peu près aussi mal que les Français dans la Sarre entre 1918 et 1935. Les Alsaciens se sont sentis colonisés par la Prusse plutôt qu'accueillis dans l'empire allemand. Mais une assimilation était tout de même en route (les lois sociales de Bismarck étaient plus favorables aux travailleurs alsaciens que les lois françaises d'avant l'annexion) et si elle a échoué c'est surtout parce qu'elle a duré moins d'un demi-siècle : pas assez de temps.

C'est simple. on leur a posé une question : voulez vous être français ou suisse.
Malheureusement ils étaient bourrés au moment du vote.....

Non plus sérieusement Mulhouse a fêté le bicentenaire de son rattachement à la France. Donc l'appartenance en soit n'existe pas depuis si longtemps que ça. Et ça a été un processus populaire, si je ne me trompe pas. Ce qui a dû alors pencher dans la balance, c'est l'idéal révolutionnaire probablement. J'imagine que Bâle aurait aussi pu passer à la France.

Keyan Farlander a écrit:

Moui, quoique... les Alsaciens ont beau presque tous parler français, même en 2010 on peut douter de leur appartenance à la nation française, étant de tout temps la région votant le plus à droite...

Voter massivement à droite en Alsace, aux élections de 2010, signifie voter à 35% pour l'UMP, à 15% pour le FN et à 5% pour le Modem contre 20% pour le PS et 15% pour Europe Écologie. La moyenne nationale pour ces partis est de 30% pour le PS, 25% pour l'UMP, 10% pour EÉ et le FN, 5% pour le Modem.
Culturellement, traditionnellement, sociologiquement, les Alsaciens font parti de ceux qui votent le plus à droite... c'est à dire pour la droite française.

C'est pas comme si Alsace d'abord faisait 15-20% ou que les partis plébiscités étaient des extraterrestres dans le reste du territoire national.
90% des suffrages exprimés en Alsace sont en faveur des cinq principaux partis français et 55% des voies sont pour l'UMP et le PS (À l'échelon national c'est 55% aussi).

hopswitz a écrit:

Non plus sérieusement Mulhouse a fêté le bicentenaire de son rattachement à la France. Donc l'appartenance en soit n'existe pas depuis si longtemps que ça. Et ça a été un processus populaire, si je ne me trompe pas. Ce qui a dû alors pencher dans la balance, c'est l'idéal révolutionnaire probablement. J'imagine que Bâle aurait aussi pu passer à la France.

Idéal révolutionnaire ? En 1810 ? Après que les Prussiens, les Autrichiens et leurs partisans se soient fait royalement et impérialement botter leurs postérieurs ?

Du coup, j'ai aussi des doutes sur le caractère populaire du processus ; disons plutôt que ceux qui sont restés étaient plus enclins à devenir français que ceux qui sont partis...

Keyan Farlander a écrit:

hopswitz a écrit:

Non plus sérieusement Mulhouse a fêté le bicentenaire de son rattachement à la France. Donc l'appartenance en soit n'existe pas depuis si longtemps que ça. Et ça a été un processus populaire, si je ne me trompe pas. Ce qui a dû alors pencher dans la balance, c'est l'idéal révolutionnaire probablement. J'imagine que Bâle aurait aussi pu passer à la France.

Idéal révolutionnaire ? En 1810 ? Après que les Prussiens, les Autrichiens et leurs partisans se soient fait royalement et impérialement botter leurs postérieurs ?

Du coup, j'ai aussi des doutes sur le caractère populaire du processus ; disons plutôt que ceux qui sont restés étaient plus enclins à devenir français que ceux qui sont partis...

égalité, liberté, fraternité, toussa quoi.
En fait je n'en sais pas grand chose. Mais je me souviens que j'ai un bouquin sur l'histoire d'Alsace, je jetterai un coup d'oeil à l'occasion (c'est à dire dans 100 ans )

dans le même genre, en Belgique, y'a Liège qui aurait bien aimé à l'époque rejoindre la France.
le hic c'est que ça aurait fait une enclave, vu que le reste de la Belgique était plutôt du genre à faire des "révolutions réactionnaires" à cette époque là :red: