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 La méritocratie

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forezjohn

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyLun 31 Jan - 19:00

Ibarrategui a écrit:
Sur la méritocratie

Je pense qu'il  est utile distinguer deux choses :
a) un fonctionnement au mérite qui correspond au fait d'exiger certains prérequis lors d'une compétition normée (par exemple, le concours d'entrée en médecine) et qui me semble indépassable pour éviter d'une part l'incompétence (on nommera au hasard), de l'autre le clientélisme (on nommera ceux qu'on connaît) ; j'ai toujours beaucoup de mal quand on dénonce ce système méritocratique comme injuste, car il me semble que tous les autres systèmes sont encore plus injustes, et induisent des doses supérieurs d'arbitraire, de hasard et d'injustice

Si ça peut te rassurer les syndicats étudiants de médecine ont mis en place une réforme sur le concours de première année avec un entretien "d'humanités" qui compte pour beaucoup trop dans la note finale. Je vous raconte pas les glandus qu'on va se coltiner dans 10 ans. : La méritocratie - Page 2 4037864171
Sur le concours de médecine, je pense aussi que les protestations avaient trait au numerus clausus hyper serré qui fait qu'on jetait hors du système des gens tout à fait capables.
Aujourd'hui je lis que 50% des généralistes actuellement en place auront l'age de partir en retraite dans 5 ans. Et nos sénateurs de droite qui ont organisé cette pénurie par clientélisme ou incompétence de venir réclamer que les étudiants tout droit sortis de leurs 10 années de formations/corvées, viennent faire un an de servage obligatoire dans leur coin paumé où personne ne veut aller, c'est pas des génies politiques?
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Keyser Pacha

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyLun 31 Jan - 19:10

L'article, il me semble, ne visait pas à dire qu'il faut fuir l'idée d'avoir les personnes les plus compétentes possibles sur un poste, ou une fonction, mais que le principe de "croire" que la société fonctionne au "mérite" (IE que les plus méritants réussissent) tend à pousser les gens à modifier leurs comportements, moins se remettre en cause, penser plus à son propre succès/gain et à créer ou justifier des inégalités de traitement.

Nous avons effectivement, en rebondissant sur comment l'on est supposé définir le mérite ou comment fonctionne la pseudo "méritocratie" française républicaine donné une tournure très "française" au débat.

Je ne nie pas l'utilité d'une épreuve comme un concours ou que l'idée d'avoir les plus compétents possible à chaque position ne soit pas séduisante, mais j'aurais tendance à me rallier à DD quand il remet en cause la définition même du mérite (qu'est ce que le mérite, et comment le juge-t-on globalement, ou à chaque besoin ?)

Je retrouve aussi dans la remarque de fracass sur ce sujet certaines de mes réflexions sur l'équation méritocratie-aristocratie.

Car si dans le langage commun et politique moderne, aristocratie tend à renvoyer à une forme d'hérédité, étymologiquement c'est le gouvernement des "meilleurs".
Et tout le débat sur la justesse de cette forme de gouvernement repose justement sur les critères que l'on retient pour décider qui sont les "meilleurs" et pourquoi...

(IE, dans l'antiquité, le raccourci était grosso modo que les plus riches avaient la meilleure éducation, le temps pour s'occuper de politique et d'affaires militaires, les moyens de participer et des biens à perdre qui devaient en faire des acteurs politiques prudents et rationels, dans l'intérêt de tous, évidemment, tout cela est très discutable...)

Je vous lis avec intérêt en tout cas.

(Et désolé pour le lien, je l'ai copié tel quel de mon téléphone ce matin, c'est pas vraiment le plus simple pour moi pour poster un message ou le mettre en page).


Dernière édition par Keyser Pacha le Lun 31 Jan - 19:22, édité 1 fois
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Cat Lord

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyLun 31 Jan - 19:15

Première fois que je lis le mot "absoluité". Espèce de philosophe !

Cat
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capitaine Fracasse

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyLun 31 Jan - 19:37

DD a écrit:
capitaine Fracasse a écrit:
L'on voit que l'incorrection n'est pas que grammaticale et sémantique, car cela change déjà la connotation de ta phrase que de la rédiger correctement : "quand bien même il s'agirait du meilleur" ou "quand bien même il s'agirait du moindre mal".
C'est précisément pour des raisons de connotation que je tords la grammaire Wink

Très bien, mais si la grammaire est ainsi, c'est que la sémantique et que la logique sont elles aussi ainsi.
Que tu les tordes pour les connoter d'une idée qui n'a pas lieu d'être me semble, à proprement parler, fallacieux.

Il n'y a aucune différence propre entre "le meilleur", "le moindre mal 1" et ce que tu entends par "*le moins pire".
De même qu'il n'y a aucune différence propre entre "le pire", "le moindre bien 2" et ce que tu entendrais peut-être par "*le moins meilleur" ou par "*le plus pire"

---
1. dans la seule mesure où il n'y aurait de bien distinct, ce qui me semble être le cas du postulat rhétorique que tu acceptais de prendre.
2. dans la seule mesure où il n'y aurait de mal distinct.
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gonzoo




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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 11:27

capitaine Fracasse a écrit:
DD a écrit:
capitaine Fracasse a écrit:
L'on voit que l'incorrection n'est pas que grammaticale et sémantique, car cela change déjà la connotation de ta phrase que de la rédiger correctement : "quand bien même il s'agirait du meilleur" ou "quand bien même il s'agirait du moindre mal".
C'est précisément pour des raisons de connotation que je tords la grammaire Wink

Très bien, mais si la grammaire est ainsi, c'est que la sémantique et que la logique sont elles aussi ainsi.
Que tu les tordes pour les connoter d'une idée qui n'a pas lieu d'être me semble, à proprement parler, fallacieux.

Il n'y a aucune différence propre entre "le meilleur", "le moindre mal 1" et ce que tu entends par "*le moins pire".
De même qu'il n'y a aucune différence propre entre "le pire", "le moindre bien 2" et ce que tu entendrais peut-être par "*le moins meilleur" ou par "*le plus pire"

---
1. dans la seule mesure où il n'y aurait de bien distinct, ce qui me semble être le cas du postulat rhétorique que tu acceptais de prendre.
2. dans la seule mesure où il n'y aurait de mal distinct.

Il me semble que les mots employés par DD apporte justement un supplément de sens qui est peut-être illusoire d'un point de vue logique, mais réel.
"Tous les systèmes sont imparfaits, ont de nombreux défauts, celui s'appuyant sur le mérite en a le moins" me semble être la nuance apportée par "moindre mal". Ce que "le meilleur" ne saurait traduire, puisque "le meilleur" pourrait n'avoir aucun défaut.
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capitaine Fracasse

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 11:49

Je vois très bien le supplément de sens, logique, entre le moindre mal et le meilleur :
Le meilleur suggère que ce moindre mal pourrait être, en fait, un bien même.
Le moindre mal suggère que ce meilleur pourrait être, en fait, un mal tout de même.

Mais, si je comprends bien, le démiurge déicide tord la grammaire parce que ni l'une ni l'autre connotation ne conviennent à l'expressivité qu'il souhaite donner à son message, car, me semble-t-il, le moindre mal reste "trop positif" par sa négativité.

Par "*le moins pire" il suggère que ce moindre mal ne serait, en fait, pas le moindre mal, puisqu'il y aurait de moindres maux, puisqu'il s'agirait en fait du pire, même si ce n'est pas vraiment le cas, puisqu'il y a pire, et qu'en fait, c'est là ce qu'il y a de moins mal parmi tous les maux moindres que le pire des maux...
Bref, c'est une connotation qui n'est guère explicable, parce qu'elle est une illusion. Elle est expressive tant qu'elle reste floue, mais elle est indicible parce qu'elle n'a aucun sens. Elle est inconcevable parce qu'elle ne peut pas être, pas même comme une idée. Elle ne sert qu'à associer mentalement au pire ce qui en est pourtant le plus éloigné.

Cela parce que "*le moins pire" ne veut rien dire, car il ne peut pas y avoir de moins pire, de plus pire, ni même d'aussi pire. Le pire ne peut pas être comparé, car il n'y a qu'un seul pire, c'est le pire. Ce qui est moins mal que le pire, est moins mal et le moindre de ces maux moindres que le pire est le moindre mal. La connotation donnée est donc artificielle, rhétorique, trompeuse...
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sebach




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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 12:05

La méritocratie, c'est le système qui fait que parce que tu as été nommé Chevalier, ta fille et ta petite fille ont droit de postuler à des internats spécialisés.  Pas ton fils. Pas ta voisine.
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capitaine Fracasse

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 12:27

Ce serait plutôt la dynastie clitocratique d'extraction aristocratique.
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DD

DD


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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 12:38

capitaine Fracasse a écrit:
Je vois très bien le supplément de sens, logique, entre le moindre mal et le meilleur :
Le meilleur suggère que ce moindre mal pourrait être, en fait, un bien même.
Le moindre mal suggère que ce meilleur pourrait être, en fait, un mal tout de même
Le moindre mal suggère surtout que la principale qualité de ce mal, c'est d'être moindre - ce que le moins pire permet d'éviter. Arendt, à ce propos, écrivit : "la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal." Et je suis assez d'accord avec elle héhé.

Mais tu montres ensuite que tu as parfaitement compris cette connotation de ma phrase et que ce qui te dérange (et l'on retrouve un de tes arguments politiques habituels) c'est que l'on puisse estimer que moindre mal et meilleur ne coïncident pas nécessairement.
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Ibarrategui

Ibarrategui


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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 12:50

DD a écrit:


Nous y voilà. C'est toute la question. Le mérite est un concept où s'entrecroisent une valeur absolue et des critères relatifs. Son utilisation dans une communauté sociale ou politique correspond donc à une légitimation absolue (et donc particulièrement dangereuse) des critères relatifs de la dite communauté. Ce n'est pas pragmatique, c'est conservateur. Quand un progressiste comme Kerlo voudra changer les critères, les amender. L'absoluité sise dans l'idée de mérite permet précisément de ne pas avoir ce débat (politique) (et le fait que le capitaine avance les concepts de consensus ou d'anonymat pour le justifier participe entièrement à mon argument), à savoir : 1) quels sont les critères justes de tri ? ; 2) le tri en lui-même est-il juste ?

Quand un philosophe finit son message par des questions, généralement c'est pour t'enfumer ( Wink ), en bon praticien de la maïeutique qui sait qu'il aura toujours le dernier mot par sa maîtrise professionnelle du débat conceptuel. À quoi bon débattre ? Ta victoire finale est inscrite sur le champ de bataille conceptuel, dès lors qu'on dérive vers la réflexion philosophique : c'est une simple question de... de... de mérite. Ah oui, le mérite, ce qui fait qu'un DD sera conceptuellement et argumentativement supérieur à un Iba. Mais comme tu remets en cause cette justesse du tri opéré sur le mérite, voire la pertinence même du tri entre le bon grain de la dialectique (toi) et l'ivraie du sophisme (moi), je vais répondre. Razz

Boutade mise à part, contester la justesse des critères du tri équivaut-il à contester le principe même du tri (il me semble que le débat social actuel porte sur les critères, non sur le tri lui-même) ? si l'on ne trie pas sur une série de critères pensés justes par la collectivité, élaborés sur la base d'un savoir ou d'une tradition, sur quel critère trie-t-on dans les situations qui l'exigent ? Toute procédure d'affectation d'une personne à une carrière ou à un emploi spécifique, exigeant soit un investissement long, soit la maîtrise de savoirs non génériques et non universels, nécessite à un moment que soient rejetées certaines candidatures au détriment d'une autre - et l'optimisation sociale me semble exiger que le filtre soit centré sur diverses compétences (y compris des capacités de mémorisation ou des compétences méthodologiques => savoirs en puissance, et non encore aboutis). L'auteur de l'article canadien en lien évoquait les effets délétères du mérite, et en réalité de la compétition humaine, mais il faut alors accepter la contrepartie de renoncer au mérite : pour avoir quoi à la place ?

En cela, le critère du mérite personnel permet de mettre en avant une compétence réelle ou supposée dans l'exercice des fonctions. Si l'on met de côté le mérite, quel critère retient-on ? Le hasard ? Les relations ? L'élection divine ? Les intuitions du "choipeau" ? La bonne volonté du candidat ? Sont-ce des critères plus justes (puisque je suppose que c'est l'idée de justice qui vous meut).

La réussite ou l'échec ne sont évidemment pas seules fonctions du mérite personnel, je sais bien, il y entre une part de contingence, de donné génétique et social, et d'exercice de la volonté. Les progressistes voudront d'ailleurs amender la notion de mérite pour tenir compte de ces variables aléatoires - et jauger du mérite non dans l'absolu, mais relativement à la situation des personnes (ce qui me paraît une pente dangereuse, tant il est en réalité impossible de quantifier exactement la part de donné et la part de construit, la part de chance et celle de volonté). Tirer un constat absolu sur la valeur des hommes et des femmes est d'évidence une erreur. Il y a des mérites, et la méritocratie, sur le papier, reconnaît tous les mérites. Mais certains mérites sont vus comme supérieurs à d'autres - d'où les effets délétères dénoncés ici ou là.

EDIT : vu ton 12h38 : Mais puisque le moindre mal est déjà le mal, je serais quand même curieux d'apprendre ce qu'est le bien.

---

Quant à moi, comme je suis un esprit obtus, limité et paresseux, j'ai décrété que la manière la plus commode de vivre était de tenir la sanction du "mérite" comme un absolu - cela rend la vie bien commode (tu ne méritais rien de ce que tu n'as pas obtenu Cool ; et si tu as obtenu quelque chose, c'est bien fait, tu l'as bien mérité, et tu es bien puni La méritocratie - Page 2 749155 ).
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capitaine Fracasse

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 12:52

DD a écrit:
Mais tu montres ensuite que tu as parfaitement compris cette connotation de ma phrase et que ce qui te dérange (et l'on retrouve un de tes arguments politiques habituels) c'est que l'on puisse estimer que moindre mal et meilleur ne coïncident pas nécessairement.

Non, pas du tout, puisque je restreint explicitement les cas où moindre mal et meilleur ne coïncident pas nécessairement, dans une note de mon antépénultième message et que j'en donne deux connotations distinctes dans mon pénultième message. Le meilleur peut ne pas être un moindre mal, lorsqu'il y a plusieurs biens dont sont absent tout mal (quelque soit le sens que cela puisse relever), puisque tous ces biens seront équivalent en mal (il n'y en aura pas un moindre), mais de distingueront en bien (il y aura un meilleur).

Non, ce qui me gêne est très exactement ce que j'explique : l'aspect fallacieux et manipulateur que de créer, par une contorsion de la logique et des sens, une association d'idée entre le pire et ce qui en est le plus éloigné. C'est une rhétorique que je trouve, lorsque consciente, malhonnête.
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DD

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 16:32

capitaine Fracasse a écrit:
Non, ce qui me gêne est très exactement ce que j'explique : l'aspect fallacieux et manipulateur que de créer, par une contorsion de la logique et des sens, une association d'idée entre le pire et ce qui en est le plus éloigné. C'est une rhétorique que je trouve, lorsque consciente, malhonnête.
Malhonnête envers qui ? Envers quoi ? On en revient à un vieux débat sur ce forum : la langue permet-elle de restituer intégralement la réalité ou possède-t-elle une logique propre ? Je continue à soutenir qu'il y a dans "meilleur" l'idée extrêmement dangereuse (mais très pratique en matière politique) que le mal puisse être un bien. Voilà pourquoi j'ai cité Arendt et voilà pourquoi il me semble que la malhonnêteté se situe bien plutôt dans la volonté de faire jouer une "logique" de la langue à la tentative de rendre compte du réel.

Ibarrategui a écrit:
Quand un philosophe finit son message par des questions, généralement c'est pour t'enfumer ( Wink )
Oh le beau retour en revers slicé La méritocratie - Page 2 749155

Citation :
, en bon praticien de la maïeutique qui sait qu'il aura toujours le dernier mot par sa maîtrise professionnelle du débat conceptuel. À quoi bon débattre ? Ta victoire finale est inscrite sur le champ de bataille conceptuel, dès lors qu'on dérive vers la réflexion philosophique : c'est une simple question de... de... de mérite. Ah oui, le mérite, ce qui fait qu'un DD sera conceptuellement et argumentativement supérieur à un Iba. Mais comme tu remets en cause cette justesse du tri opéré sur le mérite, voire la pertinence même du tri entre le bon grain de la dialectique (toi) et l'ivraie du sophisme (moi), je vais répondre. Razz
On peut déjà s'arrêter à cela. Que le philosophe dispose d'une expérience, d'un entrainement, au maniement d'un certain types de concepts, je le reconnais sans problème. Ce qui me dérange, c'est ta liaison entre cette capacité attestée et le mérite (qui, même sous le prétexte de la boutade, me semble éminemment symbolique).

Un autre point intéressant : tu me réponds en termes de justesse (des critères de tri) alors que je pensais parler en terme de justices (de ceux-ci et du tri en lui-même, deux problèmes que je t'accorde différents). Et toi-même, un peu plus loin, note d'ailleurs cette différence, sans sembler t'en embarrasser. Ca me donne l'impression de passer à côté de quelque chose dans ton message (et donc dans ma réponse).

Ibarrategui a écrit:
Boutade mise à part, contester la justesse des critères du tri équivaut-il à contester le principe même du tri (il me semble que le débat social actuel porte sur les critères, non sur le tri lui-même) ? si l'on ne trie pas sur une série de critères pensés justes par la collectivité, élaborés sur la base d'un savoir ou d'une tradition, sur quel critère trie-t-on dans les situations qui l'exigent ? Toute procédure d'affectation d'une personne à une carrière ou à un emploi spécifique, exigeant soit un investissement long, soit la maîtrise de savoirs non génériques et non universels, nécessite à un moment que soient rejetées certaines candidatures au détriment d'une autre - et l'optimisation sociale me semble exiger que le filtre soit centré sur diverses compétences (y compris des capacités de mémorisation ou des compétences méthodologiques => savoirs en puissance, et non encore aboutis). L'auteur de l'article canadien en lien évoquait les effets délétères du mérite, et en réalité de la compétition humaine, mais il faut alors accepter la contrepartie de renoncer au mérite : pour avoir quoi à la place ?

En cela, le critère du mérite personnel permet de mettre en avant une compétence réelle ou supposée dans l'exercice des fonctions. Si l'on met de côté le mérite, quel critère retient-on ? Le hasard ? Les relations ? L'élection divine ? Les intuitions du "choipeau" ? La bonne volonté du candidat ? Sont-ce des critères plus justes (puisque je suppose que c'est l'idée de justice qui vous meut).

La réussite ou l'échec ne sont évidemment pas seules fonctions du mérite personnel, je sais bien, il y entre une part de contingence, de donné génétique et social, et d'exercice de la volonté. Les progressistes voudront d'ailleurs amender la notion de mérite pour tenir compte de ces variables aléatoires - et jauger du mérite non dans l'absolu, mais relativement à la situation des personnes (ce qui me paraît une pente dangereuse, tant il est en réalité impossible de quantifier exactement la part de donné et la part de construit, la part de chance et celle de volonté). Tirer un constat absolu sur la valeur des hommes et des femmes est d'évidence une erreur. Il y a des mérites, et la méritocratie, sur le papier, reconnaît tous les mérites. Mais certains mérites sont vus comme supérieurs à d'autres - d'où les effets délétères dénoncés ici ou là.

J'en viens au coeur de ton message, et y vois le même problème que dans ta "boutade" : tu lies des capacités - conçues en terme de "savoirs" (ce qui va bien avec la mode des savoir-faire, savoir-être et autres calembredaines) et expertisées par l'institution recrutant - au mérite, comme si les deux étaient des concepts interchangeables, comme si finalement l'enjeu était de déterminer quelles étaient les capacités qui dénotaient du mérite. Cet amalgame me semble particulièrement prégnant lorsque, d'une manière qui me semble peu claire, tu évoques en fin de message qu'il existerait "des mérites" (fondés sur des capacités différentes je présume) dont certains seraient supérieurs à d'autres. C'est cela que je contestais, en soulignant l'absoluité (désolé Hildo ^^') consubstantielle au concept de mérite. Toi-même, par ailleurs, lorsque tu établissais un lien avec le calvinisme et l'idée que le mérite peut s'entendre en termes d'élection divine, d'une part invalide ton argument quant à la liaison entre savoir/capacité/compétence et mérite, d'autre part montre bien le caractère absolu de cette idée de "mérite".

Bref, le fait de faire preuve de capacités (éventuellement par rapport à un poste productif, mais "pour le mérite" ne s'arrête pas là, comme je l'évoquais en parlant du mérite des élus dans des institutions politiques) n'est en rien un signe d'un quelconque mérite. Toute la question est alors : qu'est-ce que cette idéologie du mérite, cette façon de justifier une décision ou un événement par l'idée de mérite ou d'un gouvernement des méritants, implique ? A mon sens, la réponse est simple : cela légitime une distribution des places à un instant t, sans se soucier de leur justice ou de leur injustice, c'est-à-dire en empêchant tout discours politique quant à leur légitimité. Le progressiste, comme tu le soulignes, militera pour instaurer d'autres critères de compétence mais conservera cette idée de mérite, de justification accessoire et postérieure d'un choix - choix sans doute politique et donc, tout ou en partie, arbitraire.

Ibarrategui a écrit:
EDIT : vu ton 12h38 : Mais puisque le moindre mal est déjà le mal, je serais quand même curieux d'apprendre ce qu'est le bien.
Il te faudra un autre philosophe pour répondre à cette question La méritocratie - Page 2 749155 Tout au plus, depuis mon école, ne pourrais-je te répondre qu'en termes de conditions de possibilité de la détermination du bien study
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capitaine Fracasse

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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 17:07

DD a écrit:
capitaine Fracasse a écrit:
Non, ce qui me gêne est très exactement ce que j'explique : l'aspect fallacieux et manipulateur que de créer, par une contorsion de la logique et des sens, une association d'idée entre le pire et ce qui en est le plus éloigné. C'est une rhétorique que je trouve, lorsque consciente, malhonnête.
Malhonnête envers qui ? Envers quoi ? On en revient à un vieux débat sur ce forum : la langue permet-elle de restituer intégralement la réalité ou possède-t-elle une logique propre ? Je continue à soutenir qu'il y a dans "meilleur" l'idée extrêmement dangereuse (mais très pratique en matière politique) que le mal puisse être un bien. Voilà pourquoi j'ai cité Arendt et voilà pourquoi il me semble que la malhonnêteté se situe bien plutôt dans la volonté de faire jouer une "logique" de la langue à la tentative de rendre compte du réel.

Malhonnête envers ton lectorat, à mon sens, si et seulement si cette volonté est consciente évidemment, car cette tentative ne rend pas compte du réel, elle crée une illusion, une manipulation, une confusion entre ce qui est mauvais et ce qui est pire.

Ce que tu continues à soutenir n'est pas un élément du problème que je trouve à la formule que j'incrimine. Tu as cité Arendt à propos du moindre mal, plutôt que du meilleur : "la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal." Il semble que son traducteur soit parvenu à restituer cette réalité en bon français. Le moindre mal est un mal que l'on oublie être mal, cela fait partie de l'énoncé. Il le fait sans associer le moindre mal, mal par essence, au pire -qui est le plus mauvais des maux. Ce qui n'est pas le pire, n'est pas le pire. Voilà le réel.

Que reproches-tu exactement à cette phrase d'Hannah Arendt que tu citais ? En quoi ne permet-elle pas de restituer intégralement la réalité ?
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sebach




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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 18:43

capitaine Fracasse a écrit:
Ce serait plutôt la dynastie clitocratique d'extraction aristocratique.

En tout cas, très français.
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capitaine Fracasse

capitaine Fracasse



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MessageSujet: Re: La méritocratie   La méritocratie - Page 2 EmptyMar 1 Fév - 19:41

Les quelques jeunes femmes que j'ai pu connaître et qui sont passées par la maison d'éducation de la Légion d'honneur m'avaient dit avoir apprécié leur scolarité là-bas -et pour l'une d'elles, mère, envisager y placer sa fille. Cela semble vouloir dire qu'elle. Elles ne sont pas toutes fortunées (la mère dont je parle est fille mère, institutrice à l'école primaire, sans ressource extraprofessionnelle particulière).

Les femmes en général et les jeunes filles notamment sont suffisamment peu souvent en situation d'être favorisées (nous en parlions ailleurs à propos des mathématiques) pour que la maison d'éducation de la Légion d'honneur n'apparaisse qu'extrêmement tardivement, dans la liste des priorités, lorsque je songes aux inégalités ou aux démérites de la "méritocratie".

Mais je conviens que ce n'est pas des plus égalitaires et que si cela est "méritocratique" (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais je n'aime pas ce mot) du point de vue du récipiendaire de la légion d'honneur -on le récompense en prenant en charge l'éducation de ses filles et petites filles- ça l'est moins du point de vue de ses enfants qui profitent de la récompense parentale sans n'y être pour grand chose.
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