Correspondance de la Grande Guerre

Mon père vient d'exhumer un trésor familial : les lettres que mon arrière-grand-père écrivait à mon arrière grand mère depuis le front pendant la première guerre mondiale.
On est en train de tout classer avant de scanner.

Je suis pour l'instant assez surpris de ce qu'on peut lire, et qui semble avoir passé la censure que je pensais très présente 2 exemples:
Une description d'un gazage en 17, lors duquel des soldats ont les parties génitales brulées et en sont apparemment amputés.
La description de la vie dans la tranchée où il explique qu'il est malade et voudrait mourir. Il est blessé le même jour et part à l'arrière, mais regrette à l'avance que son séjour loin du front soit trop court.

Je vais regarder ça un peu plus en profondeur et j'essayerai de vous tenir au courant.

J'ai l'équivalent sous la forme d'un énorme album regroupant les dizaines de cartes postales envoyées par mon arrière grand père à sa famille. C'est toujours poignant à lire.

Un de mes arrières grand pères paternel était capitaine dans la cavalerie de l'armée impériale et royale pendant la première guerre mondiale (je n'en sais guère plus, même pas sur quel front il a servi) et l'un de mes arrières grand pères maternel était trouffion dans l'armée d'Orient. Tout ce qu'on sait c'est qu'il est resté jusqu'en 1919 et qu'il est rentré à pied, à ce qu'il dit (mais ça peut simplement vouloir dire qu'il a pas pris le bateau... Les légendes familiales hein, c'est comme le téléphone arabe...).

Ils auraient pu se croiser, ce qui est étonnant. :)

J'ai juste quelques photos du premier, avant la guerre et après. Et rien du second à part quelques anecdotes (comme le fait qu'à part qu'il soit rentré en 19 et "à pied", il n'a jamais rien raconté de sa guerre).

C'est dommage, une telle correspondance permet de connaître un peu ces inconnus qui font partie de la famille.

Pour en revenir aux coïncidences, mes grands pères aussi auraient pu se croiser, ils ont tous les deux été en Indochine la même année, l'un dans la légion, l'autre dans la marine (il n'a fait qu'un court passage, il était sur un remorqueur et transportait des barges de débarquement de 44 là bas, pour servir de patrouilleurs et de transports sur le Mékong).

Donc l'un de tes grands-parents a peut-être croisé l'un des miens...

Oh que c'est dur de ne pas enchaîner sur une saloperie après la remarque de Keyan... même une pas trop méchante comme :"Au bordel ?"

Mais comme je t'aime bien, ami péril jaune, je ne l'écrirai pas

Cette enfilade me fait penser qu'on s'interroge toujours sur la provenance réelle de ces Lettres à Monsieur l'officier de la Kommandantur, édité à Oradour sur Glane en 1944 par un certain Giannis Hildoceras (probablement un pseudonyme).

le bon temps du fichier rotatif à onglet qu'il n'était pas encore obligatoire de déclarer à la CNIL






Pour revenir au sujet, on s'interrogeait ce midi, face au JT et l'exemple d'un grand-père expliquant la 1ere GM à sa petite fille de 21 ans (son propre grand-père l'avait "faite"), quelle devait être la place que devait prendre ce remue-méninge historique de faits centenaires. On ne parle même plus de grands-parents, mais d'arrière-arrière grand-parents. Le sujet touchait le grand-père parce qu'il avait connu son grand-père (qui n'avait d'ailleurs jamais dit grand chose sur le sujet, donc il y a plus d'espérances que de faits dans le passage de souvenir), mais on voyait bien que la petite-fille visitait le cimetière pour faire plaisir.

On parle d'une guerre centenaire, dont même la trace démographique (le fameux "as de pique" étudié dans ma folle jeunesse écolière) a disparu ! Jusqu'à quel point faut-il entretenir le souvenir et tous ces monuments aux morts, ces cimetières à perte de vue (mais surtout parce que le brouillard tombe vite dans ces coins là), etc. ?
Cela me rappelle le souvenir cité par un ami ingénieur des pétroles mais originaire de Lorraine d'une famille possédant des forêts. Il racontait que quand il était jeune, dans la scierie, il arrivait que la scie éclate sur un morceau de sharpnel coincé dans un arbre et que le tronc avait petit à petit recouvert. On parle d'un type qui doit avoir 85 ans maintenant. Même les arbres n'ont plus le souvenir de cette guerre.

La juste place du souvenir me semble compliquée à définir. J'aurais tendance à penser qu'on en fait trop pour la guerre 14-18 désormais.

Détourne pas l'enfilade sur mon arrière-grand-père je te prie.

forezjohn a écrit:

Détourne pas l'enfilade sur mon arrière-grand-père je te prie.

Nous sommes au coeur du problème.

Même si on en fait trop (ce qui n'est pas prouvé) pas un seul politicien n'osera le dire de peur d'être sanctionné dans les urnes par Forezjohn (ou l'un des siens).

Témoignage, mémoire, travail d'historien en collationnant des données personnelles et même intimes, je suis pour. Après, c'est la question de l'échelle. Un livre, une conférence, une cérémonie, un cimetière...

Midomar a écrit:

Même si on en fait trop (ce qui n'est pas prouvé) pas un seul politicien n'osera le dire de peur d'être sanctionné dans les urnes par Forezjohn (ou l'un des siens).

Et c'est effectivement ma mômman qui a eu le dernier mot sur le sujet : tant qu'il restera des gens qui ont connu directement des gens impliqués, on restera avec tout ça.
Ce qui est d'ailleurs inquiétant pour la deuxième guerre mondiale et les guerres de décolonisation.

Il n'en reste pas moins que cette guerre est un superbe exemple de comment on peut se faire des illusions sur "la guerre" (qui était censée résoudre les problèmes) et sur la manière dont on considérait les hommes dans le monde industriel*.



*Enfin, aujourd'hui on "en fait trop" quand 10 soldats meurent au combat, mais quand on licencie 1000 ouvriers, j'ai l'impression qu'on pourrait titrer "A l'ouest, rien de nouveau"...



Moi, j'ai toujours été sidéré par 14-18. On a dit à des types: "allez dans la tranchée là et tenez jusqu'à ce qu'on vous relève" et ces cons sont allés là, attendre qu'un obus leur tombe sur le coin de la tête (une mort bête et anonyme) ou qu'il ne se passe rien (avant la prochaine mission).

Oli le Belge a écrit:

Il n'en reste pas moins que cette guerre est un superbe exemple de comment on peut se faire des illusions sur "la guerre" (qui était censée résoudre les problèmes) et sur la manière dont on considérait les hommes dans le monde industriel*.



*Enfin, aujourd'hui on "en fait trop" quand 10 soldats meurent au combat, mais quand on licencie 1000 ouvriers, j'ai l'impression qu'on pourrait titrer "A l'ouest, rien de nouveau"...



Moi, j'ai toujours été sidéré par 14-18. On a dit à des types: "allez dans la tranchée là et tenez jusqu'à ce qu'on vous relève" et ces cons sont allés là, attendre qu'un obus leur tombe sur le coin de la tête (une mort bête et anonyme) ou qu'il ne se passe rien (avant la prochaine mission).

Tout pareil.

Pour moi, 14-18, c'est la guerre de l'horreur de l'obéïssance...

- Vous tous, prenez le nid de mitrailleuses!
- Oui chef! A vos ordres, chef!
tatatatatatatata tatatatatata tatatatatat

Lord_Klou a écrit:

Oh que c'est dur de ne pas enchaîner sur une saloperie après la remarque de Keyan... même une pas trop méchante comme :"Au bordel ?"

Mais comme je t'aime bien, ami péril jaune, je ne l'écrirai pas

Alors je n'aurai pas la joie de te lapider en te traitant de sombre enfoiré ?

Désolé