Bouquins d'histoire

Favier écrit platement, mais enfin, c'est clair et informatif, et c'est ce qu'on lui demande. Ce n'est tout de même pas Waresquiel.

Il écrivait sans style particulièrement littéraire, mais il n'écrivait pas platement, je ne suis pas d'accord. Les sujets qu'il traitait, sa façon de les traiter, le choix des extraits qu'il citait, le choix des exemples qu'il prenait sont évocateurs et passionnants.

Mosquito a écrit:

La France avant la France, de Geneviève Bührer Thierry, il parait que c'est le meilleur volume de la collection dont il fait partie.

Je l'ai, il est excellent !
Je me fais toute la collection, j'en suis à la Renaissance

Coucou Loïc, j'ai lu des critiques assez sévères sur le tome suivant, Féodalités. Qu'en as-tu pensé?

Je les ai tous lus, je les ai trouvés bien, mais il faut être prêt à s'enquiller des récits thématiques et pas un déroulé de l'histoire au sens romanesque.

Oui, ça m'a tout l'air d'être des manuels plus que des essais.

Edit: j'ai reçu ma commande. J'ai naturellement décidé de commencer par le manuel de fac "La France au Moyen- Âge". Ce n'est qu'après l'avoir terminé que je lirai La France d'avant la France. Je verrai alors si ça vaut le coup d'investir dans les autres volumes.

De mémoire celui sur les guerres de religion était moins thématique et davantage histoire -(si ce n'est -bataille (quoi que...)) -politique et donc très linéaire.

J'en suis au volume sur les Grandes guerres, je lis dans l'ordre chronologique, c'est la peine de dire que je suis la série avec assiduité?
Le volume sur les Féodalités est sans doute le plus ardu, en ce qu'il suppose une connaissance préalable de l'histoire politique classique sur laquelle il fait quasiment l'impasse...

Oui, je suis curieux des critiques, les rapports que j'en ai eu ont été très élogieux du travail de Fabien Mazel.

Pero: qu'est-ce que tu as pensé des tomes sur le 18e (Beaurepaire) et l'Empire (Marzagalli) ?

Pero Coveilha a écrit:

J'en suis au volume sur les Grandes guerres, je lis dans l'ordre chronologique, c'est la peine de dire que je suis la série avec assiduité?
Le volume sur les Féodalités est sans doute le plus ardu, en ce qu'il suppose une connaissance préalable de l'histoire politique classique sur laquelle il fait quasiment l'impasse...

Et c'est le moins bien écrit d'un point de vue du style des 4 et demi que j'ai lu, ce qui le rend d'autant plus ardu
Mais il est très très intéressant !

Après, faut voir entre qui il s'intercale :

Avant : Bürher, quelle écriture !
Après : Cassard, que l'on ne présente plus !

Et Bove sur la guerre de cent ans est très bon aussi


Par ailleurs, j'ai acheté l'Histoire de la Bretagne et des Bretons par Cornette. Génial, quoiqu'un peu court sur l'avant l'an mil

Ce que j'avais cru comprendre des critiques que j'avais lues correspondant à Féodalités recoupent exactement ce que vous dites les uns et les autres :

- Le travail de Mazel est scientifiquement exceptionnel (quoique trop axé sur la France méridionale)
- Mazel survole l'histoire politique et se limite à un vocabulaire d'universitaire
- On ne peut pas particulièrement le qualifier de belle plume.

Perso, je pense "un peu" toucher ma bille en création féodales (surtout méridionales, vu que j'en ai plus que bouffé à la fac), et, ce qui a tendance à particulièrement m'intéresser au cours de cette période, c'est plutôt la transition politique, justement, entre carolingiens Lorrains et Capétiens Neustriens, qui est l'un des sujets les plus passionnants de notre histoire.

Du coup, s'il survole, ça va quand même un peu me frustrer... Je vais voir si je dois l'acheter ou pas...

4 pages sur la régionalisation des aristocraties

44 pages sur la formation des principauté régionales

10 pages sur "des Carolingiens aux premiers Capétiens"

Tout ça dans un ensemble appelé "L'heure des Princes" de 82 pages


Il y a beaucoup de choses sur les évolutions de la société dans son ensemble, dont l'ancrage de la seigneurie castrale, et sur la réforme Grégorienne

Oulala... ce que je craignais...

Non pas que c'est pas intéressant, mais bon, ce qui reste correspond exactement aux recherches universitaires actuelles sur la période (invention de la ville et de l'habitat rural / études de cimetières, évolution du monachisme enfin, je présume...) truc que j'ai déjà un peu trop bouffé à mon goût à la fac...

Oexmelin a écrit:

Oui, je suis curieux des critiques, les rapports que j'en ai eu ont été très élogieux du travail de Fabien Mazel.

Pero: qu'est-ce que tu as pensé des tomes sur le 18e (Beaurepaire) et l'Empire (Marzagalli) ?

C'est un peu loin maintenant, mais j'ai beaucoup apprécié le Beaurepaire, qui prend notamment soin d'éviter l'écueil de l'histoire téléologique telle que je l'ai apprise, qui présente le siècle des Lumières comme les prodromes de la Révolution.
La partie sur l'Empire était, je trouve, la plus faible (dans un volume écrit à six mains), si je me souviens bien. Après, je ne sais pas qui a rédigé telle ou telle entrée thématique

Merci! Je vais y jeter un oeil. C'est désormais un peu plus compliqué aux États-Unis que ce ne l'était au Québec...

Dans le dernier numéro de L'Histoire, il y a des articles assez inégaux, mais néanmoins intéressant sur le Moyen-Âge. Et accessoirement mon frère y est cité pour le prix qu'il a reçu pour sa thèse. :D

Où donc que je jette un coup d'oeil?

Le paragraphe "Les gens" dans la page "On va en parler"

capitaine Fracasse a écrit:

Il écrivait sans style particulièrement littéraire, mais il n'écrivait pas platement, je ne suis pas d'accord. Les sujets qu'il traitait, sa façon de les traiter, le choix des extraits qu'il citait, le choix des exemples qu'il prenait sont évocateurs et passionnants.

Je réagis tard, mais je maintiens, pour ce que j'en ai lu, c'est une écriture académique blanche, sans relief. Je suis peut-être un peu dur avec Favier, mais ce que j'ai lu m'a semblé se contenter du minimum requis. Solide, sans génie, sans aspérité, sans temps forts. C'est utile et un peu ennuyeux. Quant à sa clarté supposée, elle ne m'a pas beaucoup impressionné, ni en bien, ni en mal, en réalité, c'est ce qu'on attend d'un ponte d'une discipline produisant des ouvrages de synthèse et de vulgarisation chez Fayard. C'est dans la bonne moyenne de ce que je lis en histoire habituellement. Ça me rappelle un peu un Kershaw, lent, roboratif, scrupuleux, terne. Ou une Crouzet-Pavan (quoique ce soit plus aride chez elle). Sur le moyen âge, j'ai trouvé Pierre Riché, dans ses travaux sur l'An Mille ou sur Gerbert d'Aurillac plus intéressant et plus vif.
Je préfère des écritures plus modernes et réflexives (Laurent Vidal), aux résultats novateurs (Thomas A. Weber dans les récents, Brigitte Hamann ou Arsenio Frugoni chez les anciens) ou plus risquées (Patrick Boucheron, qui commence hélas à devenir trop connu, à faire trop de choses - mais son livre sur la fresque du bon gouvernement de Sienne est un chef-d'œuvre ; j'ai aimé aussi Léonard et Machiavel, mais c'est un essai particulièrement clivant pour le lectorat). Alain Corbin a été très bien pendant un temps, mais ses derniers livres ne sont plus qu'un pâle reflet de ce qu'il a produit plus jeune (et ne méritent pas d'y perdre son temps, c'en devient même gênant, et ça ternit le prestige de ce qu'il a fait auparavant). Un autre que j'aimais, pour sa vivacité et sa profondeur, c'était l'excellent et regretté François Hinard.
Enfin l'amateur de belles périodes, écrites dans un vrai style littéraire, ne peut échapper à Waresquiel.

Je dois avouer que, n'étant guère lecteur de biographie, je n'avais pas vu passer Waresquiel. Du tout. J'ai commandé son ouvrage sur l'histoire à rebrousse-poil, mais si tu as une suggestion plus précise, je suis preneur.

Sur Alain Corbin, je me rappelle qu'aux tout débuts du forum, j'avais laissé passer un malencontreux "bof" sur Corbin, pour lequel Pero m'avais fort justement rappelé à l'ordre... Je lui en sais gré, je l'ai redécouvert alors avec plaisir (et désormais j'enseigne Pinagot, heureusement traduit...). Mais je suis assez d'accord sur les derniers ouvrages, qui m'ont déçu. (je n'ai pas encore feuilleté l'histoire des sentiments).

Enfin, un des invités plus ou moins régulier de la Fabrique de l'histoire qui laisse entrevoir une plume, c'est Jacques Dalarun, mais je n'ai rien lu de lui.

Oexmelin a écrit:

Je dois avouer que, n'étant guère lecteur de biographie, je n'avais pas vu passer Waresquiel. Du tout. J'ai commandé son ouvrage sur l'histoire à rebrousse-poil, mais si tu as une suggestion plus précise, je suis preneur.

Son Talleyrand surtout. Pour le plaisir de la plume. Sinon, il y a ses livres sur la Restauration.

Citation :

Sur Alain Corbin, je me rappelle qu'aux tout débuts du forum, j'avais laissé passer un malencontreux "bof" sur Corbin, pour lequel Pero m'avais fort justement rappelé à l'ordre... Je lui en sais gré, je l'ai redécouvert alors avec plaisir (et désormais j'enseigne Pinagon, heureusement traduit...). Mais je suis assez d'accord sur les derniers ouvrages, qui m'ont déçu. (je n'ai pas encore feuilleté l'histoire des sentiments).

Enfin, un des invités plus ou moins régulier de la Fabrique de l'histoire qui laisse entrevoir une plume, c'est Jacques Dalarun, mais je n'ai rien lu de lui.

Corbin n'offre plus que des aperçus paresseux autour d'un thème, c'est du recyclage de fiches. Son livre sur l'arbre (La douceur de l'ombre) était très décevant, un simple parcours de lecture autour de l'arbre dans une certaine quantité d'archives écrites, principalement littéraires. Sur les odeurs, c'était mieux. Le paradoxe est que Corbin, désormais vieilli, n'écrivant plus de bons livres, accède en ce moment à une notoriété extra-scientifique (ex : un "Bouquins" lui est consacré), notoritété qui lui a été longtemps refusée au temps où il produisait des travaux novateurs, quoique parfois contestables méthodologiquement. Corbin, je m'en souviens, on se le repassait entre historiens avertis et amateurs d'histoire voici vingt ans, sans avoir l'impression qu'il était lu au-delà de cercles (relativement étroits) de connaisseurs. Et maintenant que le grand public cultivé peut mieux le connaître, le voilà qui rabaisse son œuvre antérieure par la publication de livres faciles et dispensables. Dommage. Le meilleur restera tout de même (Pinagot, les odeurs, les filles de joie).

Dalarun, je ne connais pas.

J'ai un ami qui bosse dans l'édition (mais pour une maison dont je vais taire le nom, tellement c'est minable ).
Il a publié ses travaux sur la justice militaire pendant la 1ere guerre mondiale, c'était intéressant mais il n'en a pas vendu beaucoup.
Intéressé par l'argent, il en a fait une version simplifiée et un peu plus spectaculaire (qui a intéressé l'éditeur minable en question). Il a gagné beaucoup d'argent (et l'éditeur lui a ensuite proposé un poste de "directeur de collection" pour tenter d'attirer d'autres profils similaires).


On peut se demander si la baisse de qualité de Corbin n'a pas la même cause. Peut-être que l'argent l'intéresse plus que l'estime qu'on aura de son "oeuvre".

Je ne sais pas, je n'ai pas l'impression (impression, bouquin, haha). Çe me donne plutôt l'impression de quelqu'un qui a mis un joli brin de plume au service d'idées originales, qui a est très bien reçu, et qui maintenant présume peut-être que l'originalité de sa démarche tenait d'abord à sa plume ou à sa sensibilité générale. Corbin me semble donc plus fade, tentant d'enjoliver des platitudes.

Quelqu'un a des infos sur la future date de sortie de mein Kampf chez Fayard? Il devait sortir en 2016 et l'année commence à être bien avancée...

Les éditeurs ont annoncé, il y a déjà un moment, qu'ils prennaient du retard et que la sortie pourrait être repoussée en 2017. Il semble que l'appareil critique enfle sans cesse (mesure de précaution).