C'est sûr que Guillemin a le défaut de faire passer ses propres convictions (une gauche chrétienne, très à gauche même, avec un héritage rousseauiste évident, d'où son goût pour cet auteur) de manière parfois outrancière, mais ce défaut est compensé par l'élan que cela donne à ses interventions. Ses idées ont également le mérite d'être apparentes et assumées, alors que l'establishment "historien" de l'époque (et encore assez largement l'actuel, vu qu'il en est l'héritier direct) a/avait le "talent" de faire passer sa propre idéologie pour une vérité révélée - Guillemin s'en fait largement l'écho en taillant des croupières chez les classiques (Michelet, Bainville) et en critiquant sévèrement Tullard, pourtant encore en début de carrière mais qui s'illustrait déjà comme l'héritier du courant hagiographique buonapartiste.
Le résultat de tout ça c'est que Guillemin s'est retrouvé "exilé" en Suisse pour ses publications et émissions, ce qui finalement n'est pas plus mal vu que c'est finalement ce qui l'a amené à une (relative) postérité.
Forcément, c'est critiquable, mais ses "biographies" de Buonaparte, Robespierre ou Jeanne d'Arc sous cette grille de lecture prennent une direction intéressante, de même que ses présentations de la Commune ou de la marche à la guerre 14.